Ricardo • put paint on the heart to hide the bruises

Il y a ceux qui sont nés sous une bonne étoile, et ceux qui sont comme Ricardo. Il n'a jamais eu de chance dans la vie. Oh, il n'a pas eu d'enfance malheureuse, loin de là. Elle n'a juste pas été facile. Troisième rejeton d'une famille de quatre, le métier de couturière de sa mère et d'ouvrier de son père n'étaient pas toujours suffisant pour joindre les deux bouts. Mais qui dans son quartier, n'était pas habitué à sauter un repas, ou à n'avoir jamais de vêtements neufs?

Ricardo ne s'en est jamais plaint, parce que c'était sa vie et qu'ils étaient tous dans la même galère. Il ne voulait pas de cette richesse qui passait dans les telenovelas que les femmes de la famille regardaient. Lui, ce qu'il voulait, c'était peindre. Malheureusement, il n'est pas né en France, ou dans un autre grand pays de la peinture. Non. La spécialité de son pays, c'était le Tango. Pour ça, il y avait des bourses pour ceux qui s'avéraient doués de leurs pieds. Avec un pinceau, c'était tout juste bon à s'attirer les railleries des vieilles du voisinage.

Tant pis, le Ricci, il était débrouillard. A défaut d'être un bon élève, il était bon avec ses deux mains. Ainsi, il quitta l'école vers ses 13 ans. A ses yeux, c'était une perte de temps. Il commença alors à travailler sur les chantiers avec son père. Ca ne payait pas grand chose, mais ça aidait sa famille. C'était le principal. Avec l'argent qu'il mettait sur le côté, il s'achetait diverses couleurs qu'il posait ensuite sur les façades des maisons, à défaut d'avoir de l'argent pour acheter des toiles. Il apprit à courir vite pour éviter la police, à faire de rapides croquis pour draguer les filles, essuyer la tristesse de ne pas se faire sélectionner dans des concours de peinture.

Sa vie était simple, sans ambition réelle. & tout changea. Jusqu'alors, Ricardo appréciait la solitude quand il avait un pinceau en main. A présent, il y avait des voix qui l'accompagnaient en tout temps, une présence constante, son monde qui s'ouvrait, en dehors de Buenos Aires, en dehors de l'Argentine. Il vit des choses qu'il n'aurait jamais cru voir, des choses qu'il ne pourrait certainement pas raconter à sa famille, ni à l'Eglise. Tout naturellement, il décida de garder le secret. Car pour une fois, il avait quelque chose qui lui appartenait réellement, quelque chose d'unique, qui lui insuffla un nouveau souffle de vie. Sept pour être exacte.

Timothy lui offrit le gout de la lecture, Raj de pousser sa technique à un tout autre niveau. Il eut de longs échanges avec Sienna sur leur art respectif, et fut présent à toutes les premières représentations de Charlie. Il est la part d'un tout, plus grand, qui lui permit de s'épanouir pleinement.

Et puis, il y eut la disparition de Sophie, l'anxiété constante liée au BPO, cette paranoïa légèrement et surtout ce creux constant, ce vide suffoquant. Du garçon qui s'était mis à parler tout seul quelques années auparavant, il est maintenant vu comme atteint d'une dépression, qu'aucun de ses amis n'arrive à l'extraire. C'est parce qu'il n'a pas besoin d'eux, mais de son Cluster.