A hundred percent reason to remember the name - Aleksander

Un virgin mojito sur son coin du bar, c’est avec son sourire naturellement charmeur qu’Aleksander accueille les premiers clients du Piw Paw ce soir. Si le bar a sa petite réputation dans le coin et n’a clairement rien à envier à quelque pub que ce soit, il va de soi que les soirées à thème comme celle-ci contribuent à faire la différence lorsqu’on envisage un rachat total et que les deux tenanciers sont les étrangers du coin. La carte des cocktails s’est volontairement allongée juste pour l’événement, au grand bonheur d’Aleksander qui attendait la première occasion de révéler ses talents cachés de barman au grand jour. L’occasion est par ailleurs trop belle pour résister à l’appel de la chemise à fleurs et des lunettes de soleil qui pour être honnête ne se prêtent pas vraiment à l’ambiance tamisée de l’endroit et qui finiront inévitablement par pendre au col entrouvert de sa chemise. Chemise qui risque elle aussi de s’ouvrir légèrement plus au fil de la soirée, au vu de la chaleur volontairement accrue dans l’établissement… et de sa légère tendance à aimer charmer tout ce qui bouge, juste pour la satisfaction de se savoir plaisant.

- S’il pleut, lance-t-il à Oskar en guise de réponse, je m’engage à payer une bière à tous les gens présents.

Autant dire qu’Alek prie intérieurement pour que le ciel reste bleu et les températures caniculaires – autant que vingt-huit degrés puissent l’être en Pologne, cela va sans dire. Les clients commencent à entrer dans le bar où les musiques des dix derniers étés sont déjà en train de tourner. Un·e client·e s’approche alors, tandis qu’Oskar semble déjà en pleine action de son côté. Il lui offre son sourire le plus charmeur et se penche légèrement vers son interlocuteur·trice pour mieux l’entendre par-dessus la musique, prépare sa commande, lui offre un collier de fleurs pour la forme, s’en passe un autour du cou également pour être dans le thème, tourne ensuite la tête vers son collègue et meilleur ami. Et éclate de rire. A voir la tête de son meilleur ami, il va de soi qu'on est en train de le faire chier. Et qui d'autre de mieux qu'Isabel pour faire changer Oskar de tête sans preuve visible quand on n'est pas aussi télépathiquement évolué - c'est pas comme ça que ça marche, mais c'est son terme plus facilement explicable - que lui ? Personne.

- Damn, Isabel, be nice with baby Oskar, he looks like shit ! And hi, chica, by the way. Il se tourne vers un·e nouveau·elle client·e, ricanant encore dans sa barbe : qu’est-ce que je peux vous servir ?

Que personne n’ait réellement la moindre idée d’à qu’il il parle et de ce qu’il ait dit contribue à le faire ricaner davantage, son anglais coupé au couteau aussi, mais il se doit de reprendre son sérieux. Au moins pour la personne qu’il est en train de servir.